ARTICLE #1

CONCEPTION BIOPHILIQUE

“À chaque promenade dans la nature, nous recevons plus que ce que nous cherchons.” - John Muir

PRÉAMBULE

Nous passons un tiers de notre vie au bureau. Il est donc nécessaire de le concevoir le plus sainement possible et d’optimiser son usage. Dans cet article, nous parlons de l’espace-biophilique et du rôle de la nature comme source de productivité et de cohésion d’équipe.

Rappelons les bases d’une consommation raisonnée de l’espace

L’espace de travail est encore souvent une source de stress et de mal-être pour ses usagers. Mais c’est aussi pour les organisations un levier fort d’engagement et de rétention des talents car il reste un lieu qui illustre la culture d’une entreprise et qui se veut fédérateur.

Dans ce contexte de retour au bureau, le nouveau paradigme du bureau hôtel (flexible, hybride, centré sur les besoins des usagers et à fort service ajouté) s’impose comme la nouvelle norme.Pourtant, il ne fait pas tout.Un lieu est toujours corrélé à un moment, des occupants et des expériences.

Le bureau est menacé par le télétravail. Là où le MIT montre que le télétravail à temps complet diminue la productivité, d’autres études le voit comme une source de concentration et de bien-être.Un consensus semble néanmoins s’établir sur une consommation hybride de l’espace, selon le métier et la culture managériale (une enquête de l’OCDE conclut que la productivité est croissante jusqu’à deux jours de télétravail par semaine, puis décroit).

Si on s’accorde sur trois jours par semaine au bureau, on s’éloigne du fameux tiers de vie au bureau, tant mieux ! Mais quand même, c’est beaucoup si celui-ci est mal pensé et est une source de stress.

Une solution serait de promouvoir la philosophie du « bon lieu pour le bon usage ». Par exemple, réservons le télétravail pour les tâches de travail individuelles nécessitant de la concentration, le bureau pour les tâches de coordination et si l’espace bureau ne le permet pas, utilisons des espaces annexes pour les moments collaboratifs.

MAINTENANT, ALLONS PLUS LOIN ...

Le but de cet article n’est pas de parler de culture managériale, d’optimisation de mètres carrés ou de stratégie immobilière.

L’objectif est de mettre en lumière le rôle de la nature dans toute cette histoire.

Nos sociétés modernes sont de plus en plus dépendantes de la technologie, des écrans et la nature y est moins présente.Et pourtant, elle est une stratégie complémentaire pour lutter contre le stress au travail, augmenter la productivité de vos collaborateurs et la cohésion de vos équipes.

Tout le monde ne possède pas un manoir en Normandie pour télétravailler au vert, tout le monde ne travaille pas au sein du bucolique Apple Park, mais tout le monde peut avoir accès à la nature lors de micro-ruptures !

Ce qui nous manque, c’est la présence de la nature.

80% des français vivent en milieu urbain et un français sur deux doit marcher plus de 10 minutes pour avoir accès à un espace vert (baromètre de la nature en ville 2019 UICN).Ne pas avoir accès à un espace vert à proximité de chez soi augmente nos niveaux de stress et les risques de dépression (Maas et al, 2009).

La prise de conscience écologique, le covid et ses confinements nous ont fait réaliser l’importance de la nature, l’encre a coulé.Pourtant, nous, urbains, continuons de passer nos journées dans des lieux pauvres en nature, notamment au bureau. 42% des employés européens n’ont pas de lumières naturelles et 55% n’ont pas de vision sur de la verdure. (Human Space)

Ce qui nous définit, c’est un cerveau vert.

Sur 300 000 ans d’histoire d’homo sapiens, cela fait seulement 200 ans que nous vivons en milieu urbain. Notre présence dans des grandes villes représente donc qu’une infime partie de notre héritage génétique.

À ce titre, l’étude de John Balling et John Falk en 1982 révélait que nous préférons naturellement le paysage d’une savane, fruit de notre longue évolution.

Notre cerveau est encore celui de l’homme de cro-magnon. Il est vert. Nous sommes rassurés et heureux en présence de nature, celle qui nous a protégé de nombreux dangers.

La nature augmente notre bien-être, réduit nos niveaux de stress et nous soigne ! Dès 30 minutes de marche en forêt, l’odeur des résineux (les limonènes, les terpènes…) augmentent notre production de cellules NK (natural killing cells) qui tuent les cellules malades de notre corps. C’est toute la vertu du bain de forêt ou “Shinrin Yoku” en japonais.

Ce n’est pas pour rien que dans un hôpital, un patient qui a une vue sur un arbre a plus de chance de guérir vite qu’un patient qui regarde un mur de béton.

“L’homme est par nature un animal social” nous disait Aristote. Il l’est encore plus dans un espace vert. C’est la nature qui amplifie notre faculté à nous socialiser et à être empathique. ([Mayer & Frantz, 2004](https://www.researchgate.net/publication/222621038_The_Connectedness_to_Nature_Scale_A_Measure_of_Individuals'_Feeling_in_Community_with_Nature))

Beaucoup de qualités qu’on aimerait retrouver au bureau, non ?

Vers une conception biophilique de l’espace de travail ?

La biophilie est un terme inventé par un psychanalyste en 1973 (Erich Fromm) pour décrire notre désir d'être en contact avec la nature. C’est ensuite à Edward Wilson de suggérer qu'il s’agit d'un désir génétique en 1984.

La déclinaison biophilique dans la conception d’un espace de vie peut être organisée en trois catégories : la nature dans l’espace, les analogies naturelles et la nature de l’espace.

De ces catégories découlent 14 stratégies pour incorporer la nature et ses bienfaits dans l’environnement bâti.

Chaque année les entreprises du monde entier gaspillent des milliards de dollars en perte de productivité due à des maladies liées au stress.L’aménagement biophilique peut quand à lui le réduire, améliorer nos fonctions cognitives, notre empathie et accroître notre bien-être.

Les chiffres d’Human Space le prouvent : un espace biophilique rend un collaborateur 6% plus productif et 15% plus heureux et créatif.Les raisons vous les connaissez, notre cerveau est vert…

Une solution serait de promouvoir la philosophie du « bon lieu pour le bon usage ». Par exemple, réservons le télétravail pour les tâches de travail individuelles nécessitant de la concentration, le bureau pour les tâches de coordination et si l’espace bureau ne le permet pas, utilisons des espaces annexes pour les moments collaboratifs.